On ne naît jamais foncièrement mauvais ; on le devient.

Hereafter n'est pas vraiment mauvais, dans le sens profond du terme, non. Il prend seulement certain plaisir à diffuser une sorte de nuage putride autour de lui, résultat de sa mythomanie pathologique, de son machiavélisme omniprésent, de sa personnalité égocentrique et imbue d'elle-même. Hereafter dégage une impression de supériorité qui le rend infecte, dès le premier regard. C'est en raison de son gabarit peu imposant qu'il a développé une grande intelligence. En effet, Hereafter est plutôt petit, pas vraiment musclé, tout en longueur et en finesse, recouvert d'une épaisse fourrure noir qu'il fait bouffer pour être plus impressionnant. Sa force physique n'est pas celle d'un loup bien en chair, c'est pour cela qu'il a préféré développer sa force mentale ; c'est devenu une machine de réflexion, tout n'est que calculs et anticipation dans son cerveau. La ruse et la duperie sont ses points forts, il semble ne pas pouvoir s'empêcher de mentir. Il a une grande ambition, mais se surestime souvent. Adepte d'un grand sens de l'humour noir, ses plaisanteries sont des plus déplaisantes, il n'a pas beaucoup d'amis mais cela lui importe. Il se sent au-dessus d'eux tous, et estime que la place de dominant lui revient de droit. Gare à qui se trouvera sur son chemin, car son ambition le rend impitoyable.

Toute l'enfance d'Hereafter n'est qu'une suite de frustrations. Ils étaient trois, dans cette portée-là. Trois, destinés chacun à un avenir prestigieux, puisqu'ils étaient les enfants officiellement annoncés du dominant de la meute. Une fille, qui dès cet instant ne comprendrai jamais rien aux affaires du trône, vouée déjà à un destin tout tracé, banal et sans envergure. Et deux mâles, se valant en force et en intelligence. L'insouciance de leur enfance leur fut volée, ils ne jouaient guère comme des louveteaux normalement constitués. Ils se battaient plus souvent, et au fur et à mesure qu'ils grandissaient, de plus en plus violemment. Que pouvait-on y faire? Ces deux-là, même s'ils étaient du même sang, engageaient une lutte sans merci pour le trône de leur père, tant convoité. Au bout de quelques années, la préférence du dominant s'était clairement affichée ; elle allait pour le frère d'Hereafter, sans discernement. Je vous laisse imaginer la frustration de ce dernier à l'égard de cette décision cruciale, persuadé qu'il était d'être le meilleur. Dès ce jour, la meute loua le frère légitime et, reclus, Hereafter resta à l'écart. Deux années passèrent, dans ce climat de joie et de festivités, où nul ne remarquait les disparitions fréquentes d'Hereafter, sa haine et sa frustration. Il partait des nuits entières, courir dans les bois, chasser pour le plaisir, pour ce plaisir de tuer, de s'entraîner à combattre, à sentir la peur au ventre des animaux qui détalaient.
Et ce qui devait arriver arriva ; il le tua. Comme un vulgaire lapin lors d'une chasse en sous-bois, il l'attrapa par la gorge et lui sectionna l'artère principale, où palpitait la vie. Il regarda mourir son frère, sans aucune émotion, l'autre se vidant de son sang dans des cris implorants à ses pieds. C'est à cet instant qu'il comprit. Qu'il comprit que la mort ne lui faisait plus peur. Qu'il était à son service. Tuer avant d'être tué. Il partit.