~ Roman est un loup de taille moyenne, au pelage gris constamment ébouriffé. Son poil se nuance de noir et de brun. Parfois, au Soleil, il prend une teinte rousse. Ses yeux sont joliment en amande et de couleur jaune. Jaune pâle, jaune citron et jaune or mélangés. Roman a un museau relativement long, surmonté par une truffe noire et grenue. Roman n'est ni taillé pour la course ni pour l'endurance. Son oreille droite est déchirée. Des cicatrices parcourent son corps. Elles sont dues à sa vie de solitaire et aux chasses. Roman est beau, sans être éblouissant. Il a un côté enfantin dans le regard qui est mignon. A part ça... Il est un loup comme tant d'autres.

~ Roman est un loup triste. Triste dans le sens qu'il fait pitié. Il fait pitié parce qu'il se replie sur lui-même. Il se replie sur lui-même parce qu'il ne sait pas se confier aux autres. Il ne sait pas se confier aux autres parce qu'il n'y a personne pour cela. Il n'y a personne pour cela parce que Roman est souvent distant. Il est souvent distant parce qu'il a peur des autres. Peur de leur méchanceté. Peur de leur mépris. Alors il se replie sur lui-même. Cela fait longtemps que ça dure. Il ne fait rien pour arrêter ce cycle. Il ne fait rien parce qu'il sent que toutes ses tentatives seront vaines. Roman est parfois apathique. Dans ces moments-là, il ne cherche plus de solutions pour s'enfuir de sa vie pitoyable.

Roman est un loup triste. Triste dans le sens qu'il a un sentiment de chagrin. Parce qu'il fait le deuil. Les loups oublient. S'ils devaient pleurer chaque membre de leur communauté qui disparaissait !... Ils en seraient à larmoyer matin, midi et soir. La mort est naturelle. Roman en est conscient. Pourtant, il demeure là, enfermé dans sa tristesse diffuse. Il a l'air perpétuellement absent, distrait. Il subit. Il crie parfois. Il ne se rebelle pas. Roman n'est pas ce qu'on pourrait qualifier d'agressif, ni d'innocent, ni d'empathique. Il est triste. Tout simplement.

Roman est né un froid matin de février, avec pour société ses parents. Il était le fils unique de deux loups faméliques. Sa mère, une petite louve grise fragile, mourut quelques jours après sa naissance, incapable de survivre à l'effort qu'avait été sa mise bas. Le père, un grand loup noir, avait mieux à faire que de s'occuper de son rejeton. Ce dernier fut confié à une tante qui avait elle-même deux louveteaux à charge dans une petite meute. Roman n'eut une enfance ni joyeuse ni triste. Rapidement, il lui fallut apprendre à chasser et à combattre. Aux deux étapes il fut médiocre. Il parvint de justesse à poursuivre son entraînement jusqu'au bout. Jeune loup sans particularité, il n'eut pas de grade brillant dans la petite meute. Cela empira au fil du temps et Roman fut finalement banni de ladite meute pour une faute qu'il n'avait pas commise. Il devenait un bouc émissaire. Il avait 2 ans.

Pendant deux mois, Roman vécut seul, cherchant désespérément une troupe à qui se joindre. Il essaya en vain de se faire accepter dans telle ou telle tribu mais échoua. A la fin, il demeura solitaire où il connut la joie de ne pas être dans la hiérarchie. Roman tomba amoureux d'une belle louve au pelage foncé qui était elle-même solitaire et vivait à proximité de son territoire. Elle se prénommait Crystal, surnommée Crystie. Elle aimait un puissant loup fauve qui lui rendait sa passion. Elle et ledit loup fauve vivaient ensemble et acceptèrent Roman parmi eux. Ce loup fauve tomba malade un hiver et après une chasse, Roman fut chargé de lui apporter sa part. S'y connaissant un peu en plantes, il parvint à empoisonner la viande à la belladone. Le loup fauve mourut. Roman avait du sang sur les pattes. Mais Crystie était près de lui, désormais. Alors Roman oublia sa culpabilité. Quelquefois, la pensée de son crime revenait et il prenait peur. Pourtant, jamais il ne fut pris pour coupable.

Crystie et Roman vécurent heureux, du moins aussi heureux qu'ils pouvaient l'être. Ils auraient pu avoir beaucoup d'enfants, mais Crystie mourut à son tour, lors d'une bataille contre plusieurs humains. Roman avait alors 3 ans. Lui-même avait échappé de peu à la mort. Il sombra lentement dans une sorte de tristesse qu'il ne parvint jamais à effacer entièrement. Les souvenirs du loup fauve et de Crystie l'obsèdent. Il demeure solitaire. Depuis quatre mois.