Age : 26 Messages : 53 Prestige : 50 Meute : Solitaire Grade : A voir Statut : Célibataire Date d'inscription : 20/06/2013
Sujet: entrée pour les abysses • free Mer 17 Juil - 12:33
ENTRÉE POUR LES ABYSSES.
the death is reserved for weaknesses. nothing serves to run, she is faster. play with her, she will play with you.
La notion du temps, voilà longtemps qu’il l’a perdue. Il s’écoule lentement, sans vergogne, implacable. Mais quel jour sommes-nous, quelle heure est-il ? Allez savoir. Le soleil n’est pas encore levé sur les montagnes embrumées. Il n’y a que le bruit de ses pattes puissantes qui font crisser la neige. Les montagnes sont silencieuses, elles se taisent dans un silence quasi-parfait, obstinées. Le soleil semble ne jamais vouloir percer leurs pics gelés, comme si lui aussi rechignait à débuter cette journée. Pas un oiseau ne chante, il fait bien trop froid pour cela. Il semble bien seul, en définitive. Pour changer, pense-t-il. Mais aucune amertume dans ces pensées, il se complaît dans cette solitude qu’il a choisie. La nuit a été longue, tout ce cheminement à travers les montagnes, dans les crevasses et les congères, aurait dû l’exténuer. Mais il ne sent déjà plus la fourbure de ses pattes qui lui hurlent pitié, stop, arrête toi je t’en conjure. Il ne les entend pas, ne les sens pas. Un vent glacé souffle et semble figer les arbres autour de lui, qui ne sortent pas de leur hibernation dénudée à son passage. Lui qui, d’ordinaire, est silencieux, se trouve être l’élément le plus bruyant dans toute cette blancheur muette. Cellwedler aurait volontiers trouvé quelque chose à se mettre sous la dent, mais il semble n’y avoir pas âme qui vive, dans ces contrées hostiles. Il est arrivé depuis peu, et se sent déjà chez lui, pour autant qu’il ait jamais eu de chez-lui à proprement parler. Il s’ébroue, décollant sa fourrure gelée de son corps humide et froid. Il peste contre le soleil qui tarde bien trop à se lever, et qui l’aurait réchauffé. Un mouvement là-bas, en contrebas, dans le sapin qui dort, lui aussi. Le grand loup s’aplatit immédiatement contre la neige. Il y a là-bas – peut-être ? – une chance de se nourrir enfin. Ne la laisse pas passer, crétin. Il s’approche, à pas mesurés, dans un silence complet, avec un certain empressement. La lueur chasseresse s’est allumée dans ses yeux, l’instinct le gouverne et prend pleinement part à cette chasse. Mais, Cellwedler, n’oublie pas que tu n’es pas le plus puissant en ces contrées, tu fais preuve de bien d’assurance ; qui te dis que ce n’est pas encore un de tes démons ? Il a déjà oublié leur menace, les taillis bougent de plus en plus, il y a là bas une présence, c’est certain. Las d’attendre, il bondit. Mais sous ses pattes, il ne rencontre non pas les taillis, non pas une chaleur de proie et de la vie. Il ne rencontre que le vide, ses pattes ne trouvent plus d’appui et il tombe lamentablement, s’effondre dans une congère. La neige se précipite sur lui, telle un félin affamé, s’insinue dans son nez, dans ses oreilles, dans ses yeux. Il se débat, à coup de griffes et de crocs, la neige inonde sa gueule, il gronde contre cet ennemi bien supérieur à lui. Le combat est perdu d’avance, il s’immobilise, aveuglé. La neige se tasse peu à peu, s’immobilise à son tour. Il s’extirpe alors difficilement de cet amoncellement trop froid, et apparaît au grand jour. Le soleil a pointé le bout de son nez et il est ébloui. Il met quelques secondes à récupérer une vision nette et précise, et une silhouette se tient devant lui, il sursaute. Un rire surgit, puis la silhouette s’évapore, balayé par le vent. Il n’a pas eu le temps d’avoir peur, il commence à avoir l’habitude, de ces hallucinations quotidiennes. Cellwedler recule encore, fait volte face et reprend son chemin dans le sens inverse.
Sujet: Re: entrée pour les abysses • free Ven 19 Juil - 20:41
HRP:
Tu écris magnifiquement bien. °° *Admirative*
Froide et austère. Voilà comment avait été cette nuit, où peu de loups avaient trouvé les bras de Morphée pour s'endormir. Durant cette période où le ciel se voile d'une cape d'obscurité, quelque chose la domine, l'éclaire, permettant à tous ceux qui n'ont pas une vision nocturne d'y voir quelque chose. Une forme circulaire à la couleur défiant l'obscurité, le blanc. Les loups l'appelaient très souvent la planète blanche. La Terre avait bien comme surnom la planète bleue, alors cette forme circulaire qui s'appelait en réalité la Lune ne ferait pas exception. Tout comme le Soleil, quelques rayons lumineux arrivaientt à s'échapper de cette planète ronde, éclairant quelques endroits sur la Terre, aléatoirement. D'un côté, un rayon éclaire une partie d'une forêt de conifères recouverts pas cette chose compacte et blanche appelée la neige. Un loup au pelage noir comme la nuit la traverse, et s'aperçoit qu'il est éclairé. Il se fraye alors un chemin plus étroit entre les conifères, pour à nouveau replonger dans l'obscurité. Cet endroit reste alors comme une peinture, inanimé, sans aucun mouvement. Dans ces territoires nordiques s'élèvent des pics appelés montagnes. Durant presque toute l'année, ces montagnes sont enneigées, et se camouflent presque trop facilement dans le ciel lorsque les nuages se font nombreux. Au loin, sur un des grands pics blancs, une petit tâche brune vient bousculer l'harmonie établie avec le blanc. La Lune l'éclaire, étant apparemment au courant de tout. Cette petit tâche crème aux tendances brunes n'est d'autres qu'Eddy, ce jeune loup encore petit dans sa tête. Pour la première fois depuis longtemps, il s'amuse, en se roulant dans la neige. Dans sa vie, le petit loup n'a jamais été vraiment heureux. Sa mère ne l'aimait pas, et n'avait jamais voulu de lui. Mais la question qui resterait à tout jamais un mystère était : Pourquoi l'a t-elle eu dans ce cas? Peut-être était-il issu d'un viol. Peut-être. Le doute semait le trouble chez beaucoup de personnes, et Eddy ne faisait pas exception. Se roulant dans la neige, il commençait à ne plus se remarquer dans le paysage, la neige engloutissant son pelage crème. Après une séance de jeux oubliée depuis des mois, le jeune mâle se leva, d'un bond. Il allait reprendre sa route, comme tout autre lupin. Au fur et à mesure qu'il avançait, il remarqua que ses pattes s'enfonçaient dans la neige, et il n'en voyait plus le bout. Il regarda au sol un instant avant de relever la tête et de secouer ses pattes pour enlever la neige, comme s'il était pris d'un maléfice qui l'engloutissait dans le sol. Eddy continua de marcher, constatant que ses membres à présent gélés continuaient de pénétrer dans le sol. Bien qu'il soit frustré, il continua sa route, descendant peu à peu les montagnes, les pentes raides le faisant accélérer. Et puis, bien qu'il ne soit pas en bas des montagnes, il arriva sur du plat, totalement. Quelques arbres s'élevaient, donnant un paysage magnifique. Le jeune mâle se faufila entre les conifères et très vite, les arbres qui l'entouraient disparurent instantanément, laissant à nouveau place à un paysage entièrement blanc. Seulement, au loin, quelque chose se dessinait. Elle était difficile à voir, son pelage étant entièrement blanc. Mais ses contours quant à eux étaient bien distincts. Eddy s'en approcha, bien que la silhouette était immobile, telle une statue de marbre. Le mâle huma l'air. Aucune femelle à l'horizon, cela le soulageait, car il savait très bien qu'il pourrait lui faire du mal inconsciemment, trop dégouté par le sort que les femelles lui avaient réservé. Eddy laissa place à un sourire, qu'il n'avait pas revu depuis des lustres. Il était à présent à quelques centimètres seulement du lupin. Il se mit en position de jeu, l'arrière-train relevé, la tête au ras du sol. Son regard regarda plus haut, inspectant le loup qui se trouvait au dessus de lui.
« Tu veux jouer ? »
cellwedler.
☨ heads will roll
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Sujet: Re: entrée pour les abysses • free Sam 20 Juil - 16:27
NOTHING. YOU ARE NOTHING.
the death is reserved for weaknesses. nothing serves to run, she is faster. play with her, she will play with you.
Ooh, merci beaucoup, tu écris superbement bien aussi! :o ♥
Il y avait bien une chose, une seule, qui avait le don d’excéder Cellwedler. C’était la surprise. Ce sentiment désagréable, imprévisible, qui se déclenchait par un sursaut. Pas vraiment de la peur, mais pas loin, trop vague, trop imprécis. Et c’est précisément pour cela que le jeune loup n’avait aucune chance que le grand mâle daigne lui accorder son attention. Le loup blanc ne l’avait pas entendu arriver, bien trop préoccupé par le fait de mettre un maximum de distance entre lui et les conifères – qui semblaient pour le moins douteux. « Tu veux jouer ?é » Cette simple phrase avait agit sur les nerfs de Cellwedler comme une puissante décharge électrique. Il sursauta, et tous ses poils se dressèrent instantanément sur son échine, comme si tout son être était mû du même sursaut. Ses pupilles se dilatèrent, et il se retourna d’un bond vif, l’œil furibond. Il était impressionnant, dans toute cette masse de chair et de muscles tendus, la fourrure imposante, son volume était amplifié et ses yeux brillaient d’un éclat meurtrier. Ses prunelles se posèrent sur le jeune mâle aux couleurs chaudes qui se tenait le cul en l’air, dans une posture joueuse, le regard rieur. L’échine du blanc se courba encore un peu plus, ses poils se dressant dans l’atmosphère glaciale, et un grondement venu du fond de ses entrailles agitant tout son être dans un léger tremblement. Tu veux jouer ? L’interrogation de l’inconscient résonne encore dans la tête de Cellwedler. Un simple non, froid et sans implication aurait certainement suffit. Mais le désagrément, et l’humiliation d’avoir été surpris ainsi par un jeunot, justement, amplifiaient la rage du grand mâle. Il se serait volontiers laissé aller à une bonne altercation physique, ses muscles d’acier ne demandant que le signal pour se jeter sur le loup qui se tenait devant lui, et il tenta pourtant de se contenir. Il lui jeta un regard méprisant et se détourna de lui, tentant de donner à son système respiratoire une inspiration calme et contenue. Il déglutit. « Barre toi nabot, j'ai pas que ça à foutre. » Il anticipait déjà la réaction du jeune loup ; un espèce de piaillement de colère, indigné de tant de vulgarité et de désinvolture face à sa petite personne. Qu'il ose donc, se lever face à moi, pensai-t-il, qu'il ose. Le moindre prétexte aurait été bon pour livrer bataille, dans l'état de tension dans lequel Cellwedler se trouvait. Après tout, il n'aurait jamais de compte à rendre, et à personne. Le petit crèverai dans la montagne, et personne ne viendrai lui en tenir rigueur. La loi du plus fort n'est-elle pas toujours la meilleure?